Épisode 241

Lui — (Tout sourire, son latté à la main.) Ça fait longtemps que je n’ai pas eu un dimanche matin juste à moi. (Il soupire de contentement.)

Troy — Et moi, ça fait longtemps que je voulais t’amener aux dimanches bourgeois d’Anne, sweety.

Lui — Ha ha ha ! Il n’y a pas plus bourgeois qu’Anne, ça c’est certain.

Moi — (Après avoir déposé ma tasse de Darjeeling sur la table du café.) J’ai les goûts d’une bourgeoise sans en avoir les revenus. Je suis une bourgeoise ratée. Peut-être une ratée tout court, en fait…

Troy — Come on! You’re not a failure at all.

Moi — T’inquiète, ce n’est pas du tout négatif dans mon esprit. Et puis, c’est un peu ma faute si je suis si pauvre. Travailler plus de vingt heures par semaine me pue au nez.

Lui — Ben voilà, tu possèdes quelque chose que bien des bourgeois pourraient t’envier : du temps libre.

Moi — Ouais… j’ai en ai. Pour le moment.

Troy — « Pour le moment ? »

Moi — (Je prends une gorgée de thé. Je dépose ma tasse sur la table. Long silence.) Oui, pour le moment. Parce qu’un bébé… disons que ça occupe.

Lui — Es-tu en train de nous dire que…

Troy — OH MY GOD! YOU’RE PREGNANT!

(Les regards des clients du café se tournent vers nous.)

Moi — (À demi-voix.) Pas si fort ! Et puis non, je ne suis pas enceinte !

Lui — Qu’est-ce qui se passe, alors ?

Moi — C’est Judith qui va avoir un enfant.

Troy — OH MY GOD! BLONDINE IS PREGNANT!

(Les regards des clients du café se tournent encore vers nous.)

Moi — (À demi-voix en regardant obliquement les voisins de table.) Troy !

Troy — Well.. is she?

Moi — Pas encore, mais ça ne saurait tarder.

Lui — Ok… Je pense que j’ai manqué un épisode ou deux. Qu’est-ce qui se passe au juste ?

Troy — Blondine va avoir un bébé !

Lui — Ça, j’avais compris. Mais où-quand-comment-pourquoi ?

Moi — La réponse à « pourquoi » est « pour les raisons habituelles qui poussent quelqu’un à vouloir un enfant ».

Troy — Cut to the chase. On veut savoir qui est le géniteur… ou plutôt, qui va être le géniteur.

Moi — Ousmane.

Troy — (Me prend la tête à deux mains et m’embrasse le font.) That’s wonderful news, sweetie !

Lui — (Se rapproche de moi et me fait un câlin.) Félicitations, mon amour.

Moi — Merci…

Lui — Tu vas emménager chez Blondine ?

Moi — Non.

Lui — Ah ?

Moi — C’est Ousmane qui va emménager chez Blondine – ou Blondine qui va emménager chez Ousmane, ce n’est pas encore décidé.

Troy — Wait a minute… tu ne disais pas que tu allais avoir moins de temps libre parce que tu allais avoir un bébé ?

Moi — Exact.

Troy — Et tu ne vas pas vivre avec Blondine.

Moi — Yup.

Lui — Et c’est Blondine – qui est lesbienne – qui va vivre avec Ousmane – qui est asexuel ?

Moi — Asexuel panromantique.

Troy — Whatever. Ousmane et Blondine ne sont même pas amoureux !

Moi — Les parents d’un enfant n’ont pas à être en couple pour être de bons parents, han.

Troy — Vivre sous le même toit, ça aide, quand même.

Moi — Simone et moi, nous ne vivons pas ensemble et ça n’empêche pas que Lou a des parents pas trop pires.

Lui — Ok, je comprends, mais ce sera qui, les parents ?

Moi — Blondine, Ousmane et moi.

Lui — Les parents sur l’acte de naissance, je veux dire.

Moi — On n’a pas encore décidé. Est-ce que ça a une importance ?

Troy — For the government, it does.

Moi — Dans ce cas, on s’en querisse.

Lui — Donc – si je résume –, une lesbienne et un asexuel…

Moi — … panromantique….

Lui — Une lesbienne et un asexuel panromantique qui sont métamours vont vivre ensemble et avoir un enfant avec leur amoureuse qui va continuer de vivre dans son demi-sous-sol ? C’est bien ça ?

Moi — (Prends un gorgée de thé et souris.) C’est un miracle de Festivus, mon chéri.

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