Épisode 283

(Dimanche bourgeois en compagnie de Troy et de Pierre au Moca Loca.)

Moi — (En déposant ma tasse vide.) Je n’en reviens pas que tu aies passé deux semaines en camping.

Troy — Je sais! Moi-même, je n’arrive pas à y croire.

Pierre — Monsieur a été dur à convaincre, mais je crois qu’il n’a pas regretté l’expérience.

Moi — Vous étiez en roulotte?

Troy — Non madame! En tente. Direct sur le sol, comme de vrais spartiates.

Pierre — Ce qu’il omet de mentionner, c’est qu’on avait un lit de camp de luxe assez grand pour accommoder trois personnes et qu’il a dormi chaque nuit comme un bébé.

Troy — Ça, c’est à cause de Josée et de sa tisane magique qui assommerait un cheval. Je me demande ce qu’elle met là-dedans…

Moi — Josée?

Pierre — C’est ma blonde.

Troy — Celle avec qui il vit, han.

Moi — Vous y étiez donc à trois… il me manquait ce détail. Est-ce que c’était la première fois que tu la rencontrais?

Troy — Non, mais presque. We met a day before… for a threesome. And next morning, it was “off to the camping we go!”

Pierre — Ça l’a tout de suite cliqué entre Josée et Troy, alors je te laisse imaginer toutes les galipettes que nous avons faites chaque soir après le couvre-feu.

Moi — Des vacances idéales, quoi.

Troy — You bet, sister.

Moi — Et toi? Tu as eu le temps d’écrire un peu?

Pierre — Oui. J’ai tenu un carnet – un peu inspiré des tiens,

Moi — Pour vrai?

Troy — Il voulait te le faire lire en premier. Je n’ai même pas eu le droit d’y jeter un tout petit coup d’œil.

Moi — Aon! Je suis flattée.

Pierre — Je l’ai juste ici. Je vous en fais la lecture?

Troy et moi — Oui!

Pierre — (Lit.)

Mon amoureux et mon amoureuse plantent la tente en riant et en se tripotant et moi je les regarde, le piquet bien tendu.

* * *

J’ai les yeux brûlés par le chlore. Heureusement, il y a assez de bikinis autour de la piscine pour me rincer l’œil.

* * *

Cheveux mouillés, plaqués sur le front et chair de poule sur les seins. Je crois que l’eau est bonne.

* * *

Se rendre aux toilettes en camping est une sacrée aventure. Troy en revient le rouge au front et le slip tartiné de foutre.

* * *

Troy — Hey! C’est une demie-vérité ça! On avait utilisé le condom!

Pierre — Poetic licence, mon amour.

Troy — Pffff. Those writers.

Moi — Arrête donc. Tu es le premier à raconter à tout le monde qu’on parle de toi dans un de nos bouquins.

Troy — (Boudeur.) Être muse est plus difficile qu’on pense, vous saurez.

Pierre — Ça va maintenant? Je peux continuer?

Moi — Voui.

Pierre — (Lit.)

Bilan de la soirée : la langue douloureuse et les joues poisseuses, avec en prime la satisfaction du devoir accompli.

* * *

Rencontre clandestine dans les buissons. Il jouit rapidement dans ma bouche, puis invoque la présence harcelante de moustiques pour de rebraguetter et fuir sans me rendre la pareille.

* * *

« Je suis vieille, mais je suis bonne », me dit-elle en faisant jaillir ses seins fanés de son maillot de bain. La suite me prouva qu’elle avait raison : elle était bel et bien vieille.

* * *

Troy — Ha ha ha! Je sais de qui tu parles, là. C’est la dame qui…

Pierre — … nous vendait du bois pour le feu de camp hors de prix, oui.

Troy — Je me demandais aussi pourquoi elle me faisait un rabais.

Moi — Tu nous lis la suite?

Pierre — Oui. (Lit.)

Cheveux en bataille, elle émerge péniblement de sa tente. Elle ne porte qu’un haut de bikini et un short bouffant, informe. En marchant vers les toilettes, elle ne s’aperçoit pas qu’un vibromasseur rose tombe de sa poche. En le ramassant, je m’aperçois que ce n’est finalement que son étui à brosse à dents.

* * *

Elle doit avoir une quinzaine d’années, seule fille d’un groupe d’adolescents qui occupent la piscine du camping comme un pays conquis. Elle est très développée pour son âge, c’est le moins qu’on puisse dire, et son bikini en laisse très peu pour l’imagination, surtout lorsqu’elle se sert du tremplin comme d’un trampoline. Le maître-nageur, voulant l’avertir, tente de l’interpeller :

— Hey… toi… ne fais pas ça…

— Tu peux m’appeler « les boules », comme les autres… répond-elle, tout sourire.

* * *

Moi — Quelle attitude elle a, cette gamine.

Pierre — Autant que ses aînées. Écoute celle-ci. (Lit.)

Blonde décolorée, poitrine généreuse, toute de cuir vêtue et portant des talons hauts aussi improbables qu’incongrus dans le gravier du sentier. Elle crache son chewing-gum, me tend la main et se présente :

— Je suis la cochonne du camping.

Le soir venu, j’aperçois un attroupement de vacanciers, sur un terrain un peu à l’écart. La plupart sont déculottés ou ont le short aux chevilles et attendent de besogner la dame sur la table à pique-nique. Elle a une pine en bouche et une autre au con et semble à la hauteur de son titre autoproclamé.

* * *

Au BBQ : barbe, bear, cul.

* * *

Sur sa roulotte était écrit « Cougar ». Sur son visage aussi.

* * *

Il était si émouvant, les fesses recouvertes de mousse, que je pris l’initiative d’ajouter de la monnaie dans le distributeur d’eau chaude pour que sa douche dure juste un peu plus longtemps.

Moi — Aon. Je devine aisément qui est ce « il ».

Pierre — (Il embrasse Troy dans le cou.) La muse du camping.

Troy — Avec le cul propre, propre, propre.

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