Moi — C’est un vendredi soir pluvieux dans le chic secteur Hull de Gatineau et la licorne – c’est-à-dire, moi-même – a choisi de jouer la voyeuse pour la première séance de D/s de ses deux chéris à laquelle elle a enfin consenti à participer. Son chéri – qu’elle surnomme affectueusement Mère Courage – a revêtu son uniforme de Dom : un pantalon de cuir noir assez moulant pour mettre en valeur son joli petit cul et un t-shirt tout aussi noir avec un col en V. Sa soumise – qui se trouve à être aussi ma blonde – s’est fait un chignon très serré et ne porte que son collier de cuir noir, un porte-jarretelles noir et des bas résille d’un noir tout aussi noir que le reste de tous leurs accessoires. C’est à se demander si les adeptes du BDSM connaissent d’autres couleurs… à moins qu’ils et elles deviennent soudainement daltoniens en se joignant à la confrérie. Monsieur a informé sa sub qu’une séance de mécano-érotisme est au programme ; ce sera sûrement un délice pour les yeux. Il lui ordonne de s’installer sur un banc de sa propre confection et de placer ses pieds sur les étriers. On admire en passant le souci du détail et l’excellence du travail de d’ébénisterie. Mère courage utilise des bandes de cuir – noires – pour attacher solidement les poignets et les chevilles de ma blonde ; dans cette position, elle a les cuisses largement écartées, la poitrine relevée et offerte, la tête légèrement renversée vers l’arrière et les bras en croix. Elle se fait ensuite bander les yeux, ce qui – selon ce qu’il vient de déclarer sur un ton docte – accentuera les sensations qu’elle s’apprête à ressentir. Il sort ensuite du placard toute la quincaillerie qu’il utilisera pour cette séance ; une machine montée sur roulettes et munie d’un piston, un genre d’aspirateur sur lequel est branché deux tubes, un plug anal noir d’une taille plus que respectable et un Hitachi Magic Wand dont la blancheur jure un peu sur le reste. On dirait que c’est maintenant l’heure de la lubrification. Il applique du lube en abondance entre ses cuisses, je soupçonne qu’il ne néglige aucun orifice même si je ne peux pas le voir de l’endroit où je suis assise. Il lui chuchote quelque chose à l’oreille… est-ce pour l’avertir de ce qui l’attend? Toujours est-il qu’il commence par insérer le plug dans son cul. Il doit y aller doucement, je la vois grimacer… il le retire, se reprend… elle mord sa lèvre inférieure… la pénétration est longue… interminable… et voilà, ça y est, c’est entré. La voyeuse que je suis pousse un soupir de soulagement. Le bourreau peut passer à l’étape suivante. Il ajuste un gode au bout du piston de sa machine et qu’il positionne le tout contre sa vulve. La sub soupire alors que la bite de latex (noir) s’enfonce lentement dans son sexe… Il branche le fil dans la prise électrique, appuie sur un bouton… la machine s’anime en faisant des cliquetis, le gode se met à aller à un rythme lent, mais en pénétrant assez profondément. Ma blonde gémit doucement. Quant à lui, il s’affaire à préparer l’aspirateur, qui semble en réalité être davantage une pompe; il y a des cloches au bout des deux tubes, il en pose une sur chacun de ses mamelons. Il appuie sur l’interrupteur, la succion démarre, ma chérie se fait littéralement traire comme dans une ferme laitière. Les deux appareils bourdonnent en tierce mineure, on croirait des moines tibétains en pleine méditation ; est-ce que ce sera suffisant pour la faire léviter ? Visiblement, notre Dom croit que non, car il branche le vibromasseur et vient délicatement le poser sur le clitoris de sa victime. Il le fait démarrer, il augmente la cadence, il fait passer la succion sur les mamelons au stade supérieur… je vois ses tétins durcir, s’ériger… la soumise gémit de plus en plus fort, mais ne prononce pas le safe word, si bien que notre Dom augmente la cadence de tous les appareils. Le sous-sol de banlieue est rempli de bourdonnements électriques, de bruits de piston pneumatiques et de cris plaintifs… on se croirait dans un sweat shop infernal au Bengladesh. Ma blonde se tord le cou ; c’est la seule partie de son corps qui n’est pas immobilisée. Ses cris sont de plus en plus pressants, elle se met à jurer, à balbutier des incohérences… la voilà qui parle en langues, elle est peut être touchée par l’Esprit Saint? Serait-ce la Pentecôte? Je crois plutôt que c’est l’orgasme. Elle se crispe, semble manquer d’air… Voilà, c’est fait, elle hurle comme un coyote… Mère Courage arrête tous les appareils pour la laisser souffler un peu…
Lui — Mais qu’est-ce que tu as à marmonner comme ça dans ton coin ?
Moi — J’assure la vidéodescription pour les personnes ayant une déficience visuelle, voyons.