La belle-mère — Tiens ma pinotte, mets-donc du beurre sur ton blé d’inde.
Lou — Non, maman veut pas.
La belle-mère — Pourquoi? C’est bon du beurre…
Lou — C’est un produit laitier et c’est pas végan.
La belle-mère — Ah… Est-ce que c’est une affaire de religion, ça?
Lou — Non. C’est pour ne pas faire de mal aux animaux.
La belle-mère — Les vaches ont pas mal quand elles donnent du lait, voyons. J’ai vécu sur une ferme, moi ; je le sais.
La belle-sœur — Maman… Tu as juste passé des week-ends l’été à la ferme de ta grand-mère.
La belle-mère — Ben c’est assez pour savoir que les vaches sont faites pour donner du lait. C’est pas comme si on les passait dans le tordeur pour extraire leur jus! T’es certaine ma pinotte que c’est pas pour des raisons religieuses que ta mère t’empêche de manger du bon beurre?
Lou — Meh.
La belle-mère — Anne! Anne! Viens ici ma chérie!
Moi — Oui Solange?
La belle-mère — Pourquoi est-ce que tu empêches Lou de manger du beurre? Ça prend du beurre dans une épluchette de blé d’inde… C’est-tu parce que c’est pas hallal?
Moi — Non, c’est parce que nous sommes vegan et que nous ne mangeons pas de produits laitiers.
La belle-mère — C’est une religion, ça, le véganne, han?
La belle-sœur — Non maman, c’est pas une religion…
Moi — C’est une façon non seulement de s’alimenter, mais aussi de vivre en évitant le plus possible la cruauté envers les animaux non-humains.
La belle-mère — Ah! C’est comme la religion des Indiens.
Moi — Hein ?
La belle-mère — C’est pour pas fâcher le Grand Manitou, c’est ça?
Moi — Euh… Non?
La belle-mère — (Avec une grosse voix, sur le ton d’un Indien de film de cowboys.) Moi pas vouloir que toi fâcher grand esprit. Toi mettre margarine sur épi, ça être ben correct.
La belle-sœur — Arrête donc de la niaiser, maman. Elle est pas habituée à tes farces plates.
La belle-mère — Ha ! Ha ! Ha ! Ha !
Moi — Ok… vous n’êtes pas non plus obligées de sortir les stéréotypes les plus éculés…
La belle-sœur — C’est juste pour rire, voyons.
Moi — Ouais.
La belle-mère — Ha ! Ha ! J’ai mon voyage! Ris donc ! C’est juste un simple cuillère à thé de beurre ! Personne va mourir !
La belle-sœur — Tu la rends mal à l’aise, là.
Moi — C’est correct.
La belle-sœur — (Plus bas, à sa mère.) Tu insultes sa culture pis tu nous fais honte.
Moi — (Qui ai tout entendu.) Je ne suis pas autochtone, en passant.
La belle-mère — Ah? Je pensais que tu m’avais dit que tu étais une Mohawk ou quelque chose dans le genre.
La belle-sœur — Ben non maman, elle est Vietnamienne.
Moi — Je ne suis pas Vietnamienne. Je suis née à l’hôpital Saint-Luc.
La belle-mère — C’est pas un défaut de ne pas être Québécoise. Madame Fortuna qui est toujours assise à l’église avec nous est italienne et elle fait de vraiment bons muffins.
Moi — Je suis tellement Queb que je pourrais vous chanter le premier album de Paul Piché du début à la fin!
Elle — (Qui arrive comme un cheveu sur la soupe.) C’est vrai, en plus, je l’ai déjà entendue. (En direction de Lui.) Poussin! Sors ta guitare! Anouchka va nous chanter Heureux d’un printemps !
Moi — Je… je…
Lou — (En tirant ma manche.) Maman… est-ce qu’on peut retourner chez nous, maintenant?