Elle — Shit. Shit. Shit.
Moi — Aïe. Tu ne l’as vraiment pas manqué.
Elle — Shit. Shit. Shit. Et voilà le dude qui sort de sa bagnole.
Moi — Sortons nous aussi. Il faut qu’on aille constater les dég… Ah non ! C’est pas vrai !
Elle — Quoi ? Quoi ?
Moi — Le gars de la voiture !
Elle — Qu’est-ce qu’il a, le gars de la voiture ?
Moi — C’est David !
Elle — Hein ? David qui ?
Moi — Fuck ! Je rêve. C’est un cauchemar.
David — (Tout sourire.) Anne ! Ah ben ça alors… si je m’attendais à ça.
Elle — Je m’excuuuuuuuuse ! C’est TOTALEMENT ma faute. Je regardais ailleurs et j’ai freiné trop tard !
Moi — (Les bras croisés.) Salut David.
David — Tu n’avais pas à défoncer mon bumper si tu tenais à me revoir. Un texto aurait suffi.
Moi — Je n’y suis pour rien, je n’étais pas au volant. Je n’ai même pas de permis de conduire…
Elle — Vous vous connaissez ?
Moi — C’est le petit mec du gangbang. Celui qui avait à peine l’âge d’y être et qui était couché en dessous.
Elle — Ah ? Tu es tout habillé, alors c’est un peu difficile de te replacer…
David — (Déboutonnant sa chemise.) Je peux te rafraîchir la mémoire si tu veux !
Moi — Non ! Ça ne sera pas nécessaire !
David — Ah. Dommage.
Elle — C’est mon premier accident en vingt ans ! Je ne sais pas quoi faire, là. Je capote un peu.
David — Il n’y a pas trop de dommages et je vois que vous n’avez rien. On pourrait peut-être remplir le constat…
Elle — Ok, oui, le constat, c’est sûr… Je pense qu’il y en a un dans le coffre à gants… peux-tu regarder, ma minette arc-en-ciel ?
David — Minette arc-en-ciel ! C’est donc ben cute et original comme mot d’amour !
Moi — On voit que tu n’as pas entendu les autres. Est-ce que c’est ça ?
Elle — On dirait bien… Fuck ! J’ai pas de stylo.
Moi — Tiens. Prends mon Sharpie.
Elle — Ok. J’ai donc frappé ton derrière…
David — C’est drôle, je disais justement à Anne dans mes derniers textos que je fantasme sur la fessée…
Moi — Je ne peux pas croire que tu arrives à faire de l’esprit de bottine à un moment pareil.
David — C’est la voiture de mon père, alors je m’en querisse un peu.
Elle — Numéro de plaque…
David — Maintenant qu’on a un gangbang et une collision en commun, penses-tu que ce serait déplacé de t’inviter prendre un café.
Moi — Si le destin continue de s’acharner sur moi, je vais bien devoir me résoudre à jeter l’éponge.
Elle — Numéro de police d’assurances…
David — Est-ce que ça veut dire oui ?
Moi — Ça veut dire non, je préfère que tu viennes à la maison quand ma blonde ou mon chum y seront.
David — Fair enough. On fait ça quand ?
Moi — Quand tu auras fini ton secondaire.
Elle — « Heure de l’accident »… Je mets quoi ?
David — Tu me niaises, là ?
Moi — Oui. Peut-être ce jeudi. On verra.
David — Cool !
Elle — Eille… Ça vous dirait de m’aider ? J’ai pas envie de passer la nuit sur ce trottoir.
David — Quelle drôle de coïncidence, non ? Le monde est petit, c’est débile.
Moi — Je te le fais pas dire. Si une telle chose se produisait dans un web-feuilleton, personne ne le croirait.