Où la licorne revient après une (courte?) absence.

Moi — Me revoilà ! Me revoilà ! Avez-vous déjà commencé ?
Blondine — On attendait ton retour avec impatience, chérie.
Ousmane — Est-ce que vous me voyez ?
Moi— Nein !
Blondine — Au moins, on t’entend, c’est une amélioration notable.
Ousmane — Je pense que je me suis fait avoir avec cette cam. Je vais plutôt utiliser celle de l’ordinateur. Juste une seconde…
Blondine — Miracle ! Il fait son apparition ! Inch Allah !
Ousmane — (Arborant un large sourire.) Bonjour Mabouya !
Liam— Papaaaaa !
Ousmane — On dirait que tu as encore grandi !
Liam — Oui ! Et regarde les muscles ! (Il montre ses biceps.)
Ousmane — Ou la la ! Qu’est-ce que tu es devenu fort, petit lézard ! Est-ce que tu es toujours gentil avec tes mamans ?
Liam — Oh oui, je fais toujours les choses qu’elles disent. J’ai un sac pour la maternelle, regarde !
Ousmane — Il est superbe ! Est-ce que tu as hâte de commencer l’école ?
Liam — (Pensif.) Je pense que oui. (À Blondine) Maman ? Je peux avoir un pouding au chocolat ?
Blondine — Oui, mais après l’appel avec papa.
Liam — Ok. Je peux aller jouer ?
Moi — Vas-y mon cœur. Tu dis au revoir à papa ?
LIAM — Ba-baille papa !
Ousmane — Au revoir Mabouya ! Je vais bientôt venir te voir ! Et je t’embrasse fort !
Moi — And off he goes… !
Ousmane — Est-ce que tout est prêt pour la rentrée ? Avez-vous besoin de quoi que ce soit ?
Blondine — Tout est pas mal sous contrôle. À part le matériel scolaire, nous lui avons acheté des vêtements et aussi des bottes pour cet hiver.
Ousmane — Avez-vous besoin de sous ?
Blondine — Nope. Tu nous en a même trop envoyé.
Ousmane — On n’a jamais trop de ressources pour élever un enfant.
Moi — Ne t’inquiète pas, Oussy. On assure. Surtout Blondine, en fait ; c’est la mère qu’on aurait toustes voulu avoir.
Blondine – Meh. On va bien trouver un moyen de le fokker, comme tous les autres mortels.
Ousmane — Arrête Judith, je sais que toi et Anne faites un super boulot.
Moi — Et Brigitte.
Ousmane — Et Brigitte, bien entendu. Qu’est-ce qui se passe avec elle, en ce moment ?
Moi — Elle vit en alternance chez Mathieu et Roxane. Iels l’ont en garde partagée, en quelque sorte.
Blondine— Et la nouvelle flamme de Mathieu habite chez lui quand elle n’y est pas.
Ousmane — Ah oui ! Comment s’appelle-t-elle, déjà ?
Moi — Bianca.
Ousmane — Ça devrait être interdit de m’ajouter des métamours pendant que je n’y suis pas.
Blondine — Ha ha ha ! C’est l’amoureuse de l’amoureux de ton amoureuse… je pense que tu vas t’en remettre. La distance entre vous est grande.
Ousmane — (Triste.) Toutes les distances me brisent le cœur, en ce moment.
Moi — (Voulant changer le sujet de la conversation.) Tu viens toujours pour la fête du Travail ?
Ousmane — Hélas non. Ils m’envoient à Toronto pendant les deux premières semaines de septembre. Ensuite, je retourne à Vancouver pour l’organisation du colloque. Par contre, je serai là pour le week-end de l’Action de grâce… si vous êtes prêtes à m’accueillir.
Moi — Et comment, mon amour. Tu es encore ici chez toi !
Ousmane — (Tristement.) J’ai si souvent été déraciné que je ne sais plus où est mon chez-moi.
Blondine — (Voulant le rassurer.) Une chance qu’il y a Teams. Ça entretient les liens familiaux… surtout nos séances de D&D, elle nous donnent un peu l’impression que tu es encore avec nous.
Ousmane — C’est un piètre ersatz de votre présence. (Soupire.) Votre chaleur me manque.
Moi — Comme me manquent nos séances de Netflix-and-chill-but-in-the-literal-meaning-only. On va se reprendre intensivement en octobre, pendant ton séjour.
Ousmane — Je n’aurais jamais dû accepter ce poste.
Moi — On en a discuté, chéri. Tu ne pouvais pas passer à côté de cette occasion.
Ousmane — (Les yeux humides.) J’ai l’impression d’avoir sacrifié ce qui compte le plus dans ma vie sur l’autel de la corporation capitaliste.
Moi — Si c’est le cas, tu sais ce que tu as à faire…
Ousmane — (Essuyant une larme du revers de la main.) Et c’est ce que je finirai bien par faire.
Blondine — En attendant, tu nous rappelles le week-end prochain ? C’est l’anniversaire de Troy et Pierre aimerait beaucoup que tu lui fasse coucou, avant qu’il ne souffle ses cinquante-cinq bougies.
Ousmane — J’y serai. Je ne veux pas manquer le début de l’incendie !
Toustes — Ha ha ha ha ha !
Ousmane — (Redevenu soudainement mélancolique.) C’est fou le changement qu’a connu notre polycule.
Moi— C’est comme une nouvelle saison de notre vie qui commence, mon amour.