Épisode 3

Où il est question de métamours et de baguettes magiques.

(Elle, Lui et Moi sont étendu·es, en sueur et repu·es, dans le grand lit de la chambre du néo-demi-sous-sol.)

Lui —Ça faisait longtemps.

Moi — Très longtemps.

Elle — (Reprenant son souffle.) Ma puce en pain d’épice ! Mais qu’est-ce que c’était que cette sorcellerie?

Moi — Rien ou si peu. La conjonction du magic wand et du lollipop. Les deux baguettes les plus magiques de ma collection.


Lui — C’est comme Flex-O-Flex. Ça agit là où le fait le mâle.

Moi — Cette référence trahit ton âge, mon amour.

Lui — (Hausse les épaules.) Je suis vintage et je l’assume.

Elle — (Prenant le sex toy dans sa main et l’examinant d’un air fasciné.) Le lollipop… comment ce fait-il que personne ne m’ait encore parlé de ce truc ?

Moi — J’avais eu la vague intention de te l’offrir comme cadeau de mariage, mais il était à ce moment introuvable. Heureusement, la folie du lollipop est maintenant chose du passé.

Elle — (Mélancolique.) Ça aurait donné un coup de pouce à ma vie de femme mariée…

Moi — Serais-tu en train de nous annoncer que tu ne files pas le parfait bonheur conjugal avec ton épouse?

Elle — Non, pas du tout, Roxy-Poupou et moi, ça ne pourrait aller mieux. Sexuellement, la routine s’est un peu installée, c’est pour ça que je disais ça.

Moi — Elle est toujours strictement monogame, han.

Elle — Oui, et elle respecte toujours le fait que je ne le sois pas. Ça ne nous a pas empêché d’avoir une période d’adaptation au début, avec mon alternance de maison…

Lui — (Se tournant vers Moi.) Roxane n’arrêtait pas de débarquer chez nous pour n’importe quel prétexte alors que ce n’était pas sa semaine.

Elle — Elle ne voulait que nous rendre service. C’est son love language.

Moi — Je pensais que sacrer et énoncer des énormités était sa manière de dire je t’aime.

Elle — Arrête d’être de mauvaise fois, ma belette givrée.

Lui — Rox a toutefois arrêté de se pointer à la maison quand Bianca est arrivée dans nos vies.

Elle — Dans la tienne, mon ourson confit.

Moi — Elle n’arrive toujours pas à la sentir, han ?

Lui — Je dirais plutôt que Bianca est la seule qui arrive à la laisser sans voix. C’est tout un exploit.

Moi — C’est ce que j’allais dire. Moi, ça fait huit ans que j’échoue lamentablement.

Elle — Mes poussins, vous êtes trop dure avec Roxy-chérie. Elle a beaucoup changé.

Moi — Ah ça, c’est indéniable. Son style rentre-dedans est toutefois resté le même. Ceci dit, quand est-ce que je vais avoir l’honneur de rencontrer Bianca ?

Lui — Tu es libre dimanche ?

Moi — En soirée, oui. J’ai le dimanche bourgeois en fin d’avant-midi avec Pierre Troy, mais après je suis juste à toi.

Elle — Dit la femme qui a plus d’amoureux et d’amoureuses que de sous-vêtements !

Lui —Ha ha ha ha !

Moi — (Rigolarde.) Momentanément, han.

Lui — Énnéhou, Bianca a hâte de te connaître. Je suis sûr que vous allez vous entendre à merveille. Sois juste avertie qu’elle… comment dire… n’est pas fan de notre mode de vie.

Moi — Ça lui fait un point en commun avec Roxane.

Elle — Souviens-toi seulement, ma punaise en sucre, qu’elle a le don de nous dire nos quatre vérités de façon désarmante, avec une petite voix douce et un air angélique. Sans vouloir faire de la peine à poussin-nigaud, c’est la première fois que j’ai autant de difficulté à savoir comment m’y prendre avec une métamour.

Lui — Tu t’en fais beaucoup trop. Elle t’aime comme tu es, chérie.

Moi — (Pensive.) Pour qu’Elle voit chez quelqu’un autre chose que des arc-en-ciel et des licornes en sucre d’or, c’est qu’il doit y avoir quelque chose de très particulier chez ta nouvelle flamme.

Lui —Tu verras bien. Vous avec des tas de points en commun : elle aime la littérature, elle est vegan…

Elle – Et elle est en amour par-dessus la tête avec notre nounours en caramel chéri.

Lui – Ben voilà. Vous allez bien vous entendre, ça ne peut pas faire autrement. Ne discute pas trop de polyamour et ça va très bien se passer.

Moi — Mais de quoi d’autre pourrais-je bien parler ?

Lui – Je sais pas… de politique internationale ?

Moi – Issh.

Lui – De ton métier ?

Moi – Encore plus isssh. Je gagne ma vie en faisant du travail du sexe et du vol à l’étalage, je te rappelle.

Lui – Je voulais dire, ton métier d’écrivaine.

Moi – (Soupire de découragement.) Ça y est. Je suis baisée.

Elle – (Attrappant le lollipop et le magic wand.) Pas encore, mais ça peut s’arranger, ma truite en pain d’épice !

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