Elle — (Mange de graines de tournesol) Crick… crick… crick…
Moi — (Avec une moue dégoûtée) Je pense que je préférais quand tu fumais, finalement.
Elle — (La bouche pleine) C’est pas gentil de me dire ça. J’ai arrêté juste pour toi, pour que je sente bon et que tu ne fasses pas de crises d’asthme.
Moi — Je regarde ce plat rempli d’écales baveuses et je m’ennuie de tes cendriers.
Elle — Arrête de râler, sinon je te fais respirer mon haleine de graine secondaire.
Moi — Beurk.
Elle — Hi hi hi !
Moi — Lâche donc ce sac et raconte-moi plutôt comment tu as rencontré ton chum.
Elle — Bah. Sur Fetlife, tout simplement.
Moi — J’en déduis qu’il est un Dom.
Elle — Tu me connais tellement, ma souris toute mimi !
Moi — Comment a-t-il accompli l’exploit de t’assouplir jusqu’à la flexibilité ?
Elle — Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain. On a commencé à discuter en ligne de façon purement amicale. Il écrit un français impeccable et tu sais comment ça m’allume, le respect des règles de grammaire.
Moi — Ça et la discipline corporelle sévère, je sais.
Elle — Toujours est-il qu’il a fini par m’inviter pour un café – en tout bien tout honneur.
Moi — Laisse-moi deviner… après trente minutes, tu lui as dit que tu avais besoin d’une fessée.
Elle — Quinze.
Moi — Incroyable. Avec moi, tu as pris beaucoup plus de temps avant de craquer.
Elle — Je sais ! C’est fou, hein ?
Moi — J’en conclus que l’homoflexibilité t’es venue à grand coups de main sur les fesses.
Elle — Ça s’est fait très graduellement, à vrai dire. Je le rencontrais pour une séance une fois par semaine et il n’y avait rien de génital entre nous. C’est avec l’aftercare qu’il m’a eue. Si tu savais ! Il est si attentionné, si doux, si tendre… qu’on a fini par faire l’amour – et être en amour.
Moi — Wow. Il va falloir que je rencontre un jour cet être d’exception.
Elle — Oh ! Oh ! Oh ! Mets ça à TVA ! C’est La Voix qui commence !
Moi —La Voix ? T’es pas sérieuse ?
Elle — Oui ! J’adore les auditions à l’aveugle.
Moi — Just kill me.
Elle — Arrête donc et viens te coller sur le divan avec moi !
Moi — Cette émission est une vraie torture – et je ne suis pas masochiste, moi.
Elle — Chut ! Donne-moi ton épaule et écoute.
Moi — Grrrrr.
Elle — (Soupire.) Je pense que je suis en bonne voie pour redevenir ta blonde.
Moi — Pas si tu prends l’habitude de venir chez moi écouter La Voix en mangeant des graines de tournesol.
Elle — Ben là… À quoi ça sert d’avoir une blonde, sinon ?
Moi — Si on m’avait dit que je finirais un jour par me retrouver avec une lesbienne qui ne pense qu’à manger des graines…