Lui — Encore une pointe de tarte ?
Elle — Juste un tout petit petit petit morceau. J’ai déjà la luette qui baigne.
Moi — Pas pour moi, merci. Je suis sur le point d’exploser comme Mister Creosote dans The Meaning of Life.
Elle — J’ai aucune idée de quoi tu parles.
Moi — Va voir sur YouTube et assure-toi d’avoir une bassine à portée de main.
Lui — Avant que cet appartement se transforme en vomitorium, est-ce que je vous prépare un autre café ?
Moi — Oh oui, s’il-te-plaît.
Elle — Avec de la crème irlandaise ! Tu as apporté la crème irlandaise, hein ?
Lui — Bien entendu.
Elle — Woo hoo !
Lui — (Depuis la cuisine.) J’aurais encore des questions à poser au sujet des métamours et de ce que ça implique.
Moi — Ah oui ?
Lui — (Revenant avec les cafés sur un plateau.) Je veux être un bon métamour – et un bon chum – et puisque que cette histoire de polyamour, c’est tout nouveau pour moi, je ne sais pas trop ce que je suis censé faire.
Elle — Servir le café, c’est déjà un querisse de bon début, poussin.
Moi — Je pense que tout ce que tu as fait jusqu’à présent est juste parfait.
Lui — C’est-à-dire ?
Moi — Et bien… d’abord, accepter de me rencontrer, pour commencer.
Elle — Oui ! Et t’aider à passer à travers ta crise de panique, aussi !
Moi — Non. Ça, c’était un bonus – un bonus assez hors du commun, je dois dire.
Elle — Se rencontrer, ça permet de s’assurer que tout le monde consent à la relation. Comme ça, mon poussin nigaud peut dire à mon Anarchouette qu’il est content qu’elle soit ma blonde.
Moi — Et vice-versa. Ensuite, ça prend de la volonté à communiquer – beaucoup de volonté à communiquer.
Lui — Ouais. J’imagine que les discussions de couple se font maintenant à trois.
Moi — Pas exactement. Ma relation avec Elle nous concerne toutes les deux en premier chef, mais puisqu’elle est aussi en relation avec toi, il y a des aspects qui t’impliquent nécessairement.
Elle — Ce soir, on a communiqué le fait qu’on est bien ensemble ! Et on a aussi communiqué pour dire des NIAISERIES !
Moi — Je dirais même que ça sert surtout à ça. Les gens qui disent que communiquer est une corvée ont tendance à croire que ça ne sert qu’à régler des problèmes.
Elle — Alors que ça sert à prévenir les problèmes !
Moi — Et aussi, à dire des niaiseries.
Lui — Ça me semble logique.
Moi — Ensuite, un bon métamour pense à ses propres besoins et traite sa partenaire – et ses propres métamours – comme il aimerait être traité. Je sais que ça sonne kantien, n’empêche que c’est comme ça.
Lui — Ce qui veut dire ?
Moi — Ça veut d’abord dire se connaître soi-même, connaître ses désirs et ses valeurs et y rester fidèle. Aller à l’encontre de soi-même n’est pas une preuve d’amour ou une démonstration que sa partenaire est spéciale ou « le vrai et le grand amour ».
Elle — Ça veut aussi dire me faire confiance en tant qu’amoureuse… en me laissant l’espace pour m’exprimer, pour être moi-même et être moi aussi fidèle à mes désirs, mes besoins et mes valeurs.
Lui — Je pense que personne ne pourrait t’empêcher de t’exprimer, mon amour. Tu fais ça même en dormant.
Elle — Hi hi hi !
Lui — Quoi d’autre ?
Moi — Je dirais aussi qu’un bon métamour est indulgent envers lui-même, au moins autant qu’il l’est envers sa partenaire et ses propres métamours. Tout le monde peut ressentir de la jalousie, de la possessivité, du désir de contrôler…
Elle — Ou dans mon cas, le désir de meubler mon nid d’amour avec des meubles en kit.
Moi — Les meubles en kit, ça passe mieux selon moi que les graines de tournesol.
Lui — C’est parce que tu n’a pas à les assembler que tu dis ça.
Elle — Ah la la. Soyez pas si durs envers moi.
Moi — Voilà qui est parfaitement dit. Il faut éviter d’être dur autant envers soi-même qu’envers les autres. Être un bon métamour – et un bon chum –, c’est accepter de fatalement en être un mauvais de temps en temps. Le mieux, c’est de ne pas culpabiliser et cesser d’exiger la perfection de ses partenaires et de soi-même.
Lui — Je pense que la partie sur l’indulgence envers soi-même, ça ne sera pas de la tarte.
Elle — La tarte ! Tu m’en servirais encore un minuscule infinitésimal microscopique morceau ?
Lui — Avec plaisir, ma chérie.
Elle — (Soupire.) Je pense que j’ai le meilleur chum au monde.
Moi — Je pense que j’ai le meilleur métamour de la galaxie.
Elle — Chanceuse ! Moi, je n’ai même pas de métamour. C’est triste.
Moi — J’espère que tu ne t’attends pas à ce que je pleure. Ce serait vraiment le comble.
« Je sais que ça sonne kantien, n’empêche que c’est comme ça. »
Attention ! Le jour où la Gestapo débarque, c’est mieux de mentir. Personne n’est au sous-sol ni au grenier, la nourriture c’est parce que tu fais de la boulimie, le valium pour oublier. Puis ensuite, déménager ASAP aux USA !
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