Lui — Anne ?
Moi — Rggnnnnm ?
Lui — Tout va bien ?
Moi — Je m’endors comme un bébé contre ton corps tout chaud après avoir été nourrie, baignée, épongée, massée, léchée et baisée deux fois… et tu me demandes si je vais bien ?
Lui — Euh…
Moi — Je t’annonce solennellement que je ne pourrais pas mieux aller. Je t’enverrai la lettre de confirmation officielle dûment paraphée demain matin, promis.
Lui — Ha ha ha !
Moi — Dodo, maintenant.
(Long silence.)
Lui — Anne ?
Moi — Rggnnnnm ?
Lui — Tu crois que ça va bien, de son côté ?
Moi — Probablement. Je l’ai entendue dire qu’elle reviendrait tout de suite après son rendez-vous au resto avec Roxane-la-butch-de-ElleRencontre ; puisqu’elle n’est toujours pas rentrée, j’en déduis que le courant a passé entre elles.
Lui — Je m’inquiète toujours un peu quand elle part rencontrer de nouvelles personnes.
Moi — Tu es si protecteur, ça ne m’étonne pas.
Lui — Je ne fais pas juste m’inquiéter. Je ressens aussi de drôles de trucs…
Moi — Ah ?
Lui — Oui. Je pense à elle et je ne peux m’empêcher d’imaginer ce qu’elle est en train de faire… et je ressens une drôle de fébrilité, comme… je ne sais pas comment le décrire…
Moi — Comme un vide à l’intérieur mêlé à un sentiment d’excitation ?
Lui — Oui, genre.
Moi — Comme une tristesse de ne pas être avec elle, accompagnée d’une joie étrange de la savoir heureuse ? Une émotion douce-amère qui irradie de ta poitrine et te fais sourire et pleurer à la fois ? Un sentiment de manque et de plénitude à la fois ? Avec en prime une hâte qu’elle revienne et te raconte tout dans les moindres détails ?
Lui — Oui ! C’est ça ! Exactement !
Moi — Bienvenue dans le monde merveilleux de la compersion, chéri.
Lui — La quoi ?
Moi — Tu googleras ça demain. Dodo, maintenant.
(Long silence.)
Lui — Anne ?
Moi — Rggnnnnm ?
Lui — Compersion, ça s’écrit avec deux S ou un T ?
Moi — Ça s’épelle d-o-d-o-m-a-i-n-t-e-n-a-n-t.
Lui — « Dod… » Oh! Ok, je te laisse tranquille. Je t’aime, trésor.
Moi — Moi aussi. Dodo, maintenant.
(Long silence.)
(Bruit d’une porte qui claque et de pas qui s’avancent vers la chambre.)
Elle — (Se glissant dans le lit) Mes poussins en chocolat ! Dormez-vous ?
Moi — Rggnnnnm ?
Elle — J’ai le visage qui sent la chatte! Qui a envie de m’embrasser ?
Lui — Ah.. euh.. oh! Euh… oh !
Moi — Bon, ça y est, tu lui as fait faire une overdose de compersion. Bravo.