Lui — Elle est en retard.
Moi — Meh. Es-tu vraiment surpris ?
Lui — Je lui avais dit d’être au café à midi.
Moi — À moi, tu as dit midi trente.
Lui — C’est parce que je savais qu’elle serait en retard. Là, elle est en retard sur son retard.
Lui — Pauvre chéri. Il va falloir que tu le notes au procès-verbal.
Elle — Mes poussins trempés dans le miel ! Bisous bisous bisous ! Je vous ai encore fait attendre… je suis vraiment impardonnable !
Moi — Qu’est-ce que c’est cette fois? Tu as encore croisé ton meilleur ami Rodrigue LeBasset ? Ou tu t’es liée d’amitié avec une plante verte sur le chemin du café ?
Elle — Nounoune ! Ce n’était pas une plante verte, mais un pug ! Il était si cuuuuuute ! Et sa maîtresse aussi, d’ailleurs… hé hé hé… elle m’a raconté qu’elle va chaque samedi au parc à chiens, tu sais, celui qui se trouve…
LUI — Ahem. Je dois être de retour au bureau dans quarante minutes, alors je pense qu’on devrait…
Moi — Oui, monsieur le président. On a maintenant quorum, alors procédons.
Elle — (Chante.) Quorum, ♫ des femmes et d’la bière ♪ non de Dieu… ♬
Lui — (Soupire.) On ne s’en sortira jamais.
Elle — Ah la la ! Souris, poussin ! La vie est belle, nous sommes en amour et pour une fois, notre licorne en caramel est avec nous dans un endroit public. N’est-ce pas incrédibeuly marvoulousse?
Lui — Ouais. C’est d’ailleurs pour discuter de ça que j’ai voulu vous voir pour le lunch.
Moi — Pour discuter de l’opportunité de me forcer à sortir de mon demi-sous-sol?
LUI — Disons que c’est une répétition générale en prévision de dimanche… qui est la Fête des mères.
Elle — Oui ! La fête des mères ! Tu veux organiser une sauterie pour notre maman-licorne ?
Moi — Lou sera chez mon ex ce jour-là. Elle passe plutôt la Fête des pères avec moi.
Elle — Ah. Weird.
Moi — Je sais.
Lui — Je parle de la mienne. Ma sœur a organisé un brunch chez Eggcitation et elle m’a dit d’amener ma blonde.
Moi — Oh.
Elle — TU VEUX AMENER NOTRE LICORNE VOIR TA MAMAN !
Lui — Chut ! Pas si fort !
Moi — Tu me niaises. Dis-moi que tu me niaises.
Lui — Je suis sérieux. Je leur ai dit que j’ai maintenant deux femmes dans ma vie – et maintenant, elles veulent rencontrer la deuxième.
Moi — Veulent ?
Lui — Oui. Je l’ai aussi dit à ma mère. Lui expliquer le polyamour et toute la patente fut un peu compliqué, surtout au téléphone – et je ne dis pas qu’elle n’a pas été sous le choc – mais elle m’a quand même fini par me dire qu’elle a hâte de faire ta connaissance.
Elle — WOOO HOOO ! C’est comme si on se mariait devant Dieu, les hommes, la belle-mère et la belle-sœur! YES !
Moi — Je t’en prie ! Baisse le ton, tout le monde nous regarde !
Lui — Alors ? Qu’est-ce que tu en dis ?
Elle — Elle trouve que c’est une excellente idée et elle va se faire un plaisir de nous accompagner manger des œufs bénédictine et boire un mimosa avec ta maman !
Moi — Shit. Je pense que je vais mourir.
Elle — ALLEZ ! DIS OUI DIS OUI DIS OUI !
Lui — Si tu ne te sens pas prête, je vais comprendre.
Moi — Je… Je vais…
Elle — Tu vaaaaaaaaas… ?
Moi — Je vais sérieusement y penser.
Elle — OUI ! Je t’aime TELLEMENT chériiiiie ! Et toi aussi poussin ! That’s it, je prends l’après-midi off, tu viens avec moi et je nous achète des fringues neuves pour l’occasion !
Lui — Elle n’a pas encore dit oui, amour.
Elle — Qu’est-ce qu’on peut faire pour t’aider, pour que tu acceptes… ?
Moi — Faire en sorte qu’ils ajoutent des anxiolytiques dans le mimosa aiderait, pour commencer.