(Vendredi soir au donjon de Maîtresse SD, qui reçoit trois clients dont le fantasme est d’être humiliés devant des femmes. Elle a donc demandé à quelques amies – dont Elle, Simone et Blondine – d’agir en tant que spectatrices et a assigné à la licorne le rôle de maîtresse de piste et présentatrice du spectacle. Je suis donc vêtue d’un costume de Monsieur Loyal BSDM, avec mini-jupe de cuir noir, redingote rouge, nœud-papillon, chapeau haut-de-forme, bas résille, talons-aiguilles et cravache.)
Moi — (Sur un ton carnavalesque et ampoulé.) Approchez ! Approchez mesdames ! Comme vous pouvez le voir, nous avons lié leurs poignets à la barre au-dessus de leurs têtes, assez haut pour qu’ils ne puissent pas tout à fait poser leurs talons sur le sol et qu’ils doivent utiliser continuellement les muscles de leurs pieds et de leurs jambes pour soulager leurs bras qui tremblent sous l’effort. Ne sont-ils pas ravissants ?
(Blondine s’avance et tend timidement la main.)
Moi — Oui, allez-y, vous pouvez les toucher, ils sont là pour cela. Ils adorent, je vous l’assure; c’est pour eux l’occasion rêvée de s’exhiber, d’être admirés. Voyez comment ils sourient gentiment. Je voudrais pouvoir vous montrer leurs yeux, mais vous savez, le règlement, c’est le règlement et ils devront garder leur bandeau en tout temps. Je crois que vous admettrez comme moi que c’est mieux ainsi pour tout le monde.
(Elle ne se laisse pas prier et caresse du bout des doigts un ventre aux muscles saillants.)
Moi — Ne soyez pas timides mesdames, tâtez-moi cette fesse. Sentez-vous comme elle est ferme, nerveuse, mais si douce et si tendre? Tous les clichés de vos romans préférés miraculeusement devenus réalité sous vos yeux ébahis! Regardez tous ces muscles s’étirer et se gonfler dans leurs bras, dans leur dos, dans leurs jambes longues et élégantes entravées par leurs liens. Je vous en prie, faites comme chez vous et faites roulez délicatement les testicules de celui-ci entre vos doigts, prenez son pénis dans votre main et caressez-le comme un petit animal familier : ils n’attendent tous que cela. Embrassez un de ses mamelons, prenez sa queue dans votre bouche… vous voyez avec quelle rapidité elle durcit ? Faites glisser un de vos doigts entre ses fesses. Ne vous en faites pas s’il couine un peu: il adore et en redemande, le salaud.
(Elle est maintenant à genoux et agace du bout de sa langue le sexe d’un des soumis.)
Moi — Je vois que ça vous plaît. Impressionnées ? Il y a de quoi. Des corps nus, suspendus de cette façon — surtout quand ils sont si sculpturaux — c’est le paroxysme de la beauté. Avec les bras tendus vers le haut, la chair crémeuse, les os saillant juste aux bons endroits, le creux de l’estomac juste assez arrondi, et les fesses… avez-vous déjà vu quelque chose de plus désirable, de plus charmant ?
Blondine — Vous croyez que ça leur plaît, Monsieur Loyal ?
Moi — Si je suis certaine que ça leur fait plaisir ? Bien entendu ! C’est le désir secret de tous les hommes de devenir des objets de désir. Ne lisez-vous donc pas la presse masculine ? C’est profondément inscrit dans leurs gènes. Ils peuvent bien nous dire le contraire, ils peuvent bien protester et jouer les mijaurés, on ne peut pas vaincre l’atavisme, la biologie. Ils ont beau être ficelés, exposés et bâillonnés, leur dos a beau être zébré par la morsure du fouet, ils bandent éperdument, ils bandent à en perdre l’âme. N’est-ce pas une preuve amplement suffisante de leur consentement, de leur abandon à nos désirs impétueux et incontrôlables de femelles ? Allez-y, chères amies. Servez-vous, il y en aura suffisamment pour toutes.
(Maîtresse SD s’approche alors avec un chariot métallique contenant divers instruments de torture et d’un regard me fait comprendre qu’il est maintenant temps de passer aux choses sérieuses.)
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