Blondine — Alors comme ça, tu as deux manuscrits en chantier.
Moi — Les nouvelles vont vite.
Blondine — Surtout quand on en fait des statuts publics sur Facebook.
Moi — Ha ha, oui, en effet. C’est un secret de polichinelle.
Blondine — De quoi s’agit-il ?
Moi — D’un carnet, un peu dans le genre du Carnet écarlate… mais avec moins de sexe lesbien et pas mal plus de fluides corporels.
Blondine — Et comment est apparu ce manuscrit alors que tu as presque terminé l’autre ?
Moi — Par miracle – ou presque. J’ai trouvé un vieux carnet gris dans mes affaires, rempli de courts textes qui n’attendaient qu’à être réécrits. Au début, je voulais l’intituler Le carnet anthracite, mais je me suis ravisée et ce sera plutôt Lambeaux de chair.
Blondine — Je peux lire par-dessus ton épaule ?
Moi — Bien sûr. J’aimerais beaucoup savoir ce que tu en penses.
(Je cède ma place devant l’ordinateur à Blondine. Après avoir lu une vingtaine de pages, elle me regarde en faisant une moue dégoûtée.)
Moi — Tu n’aimes pas ça ?
Blondine — Ce n’est pas que je n’aime pas ça… c’est du Anne Archet tout craché, avec tout ce que ça comporte d’humour et de provocation. C’est juste que… enfin… tout ce sperme… ça me donne la nausée.
Moi — Venant de la part d’une lesbienne enceinte aux prises avec de fortes nausées matinales, c’est une réaction que je comprends parfaitement…
Blondine — Je ne crois pas que les filles straight tripent tant que ça non plus sur la dèche. (Soupire.) J’aimerais vraiment comprendre ce qui t’attire tant là-dedans.
Moi — Tu veux que je t’explique une attirance ? Tu penses que c’est possible ? Pour vrai ?
Blondine — Je ne sais pas… dis-moi au moins quel effet ça te fait.
Moi — Ben… le sperme m’excite terriblement. Pour vrai. Je ressens quelque chose de très fort quand je vois ou sens le sperme sortir d’un pénis. Je sais que ça peut sembler réducteur, mais quand je baise avec un homme, c’est seulement la bite qui m’intéresse. Tout ce qu’il y a autour me déconcentre.
Blondine — « Ce qu’il y a autour »… tu veux dire, la personne avec qui tu t’envoies en l’air ?
Moi — Oui. C’est ce que j’aime surtout chez les hommes : leur queue – et surtout, ce qui en sort.
Blondine — Wow. Y’a pas à dire, l’hétérosexualité est un humanisme, n’est-ce pas… Tu l’as déjà dit à ton chum ?
Moi — Je dis « les hommes » dans un sens purement sexuel, han.
Blondine — Bien entendu.
Moi — J’aime bien que mon partenaire m’éjacule sur les seins, parce que ça veut dire que la bite est vraiment proche de mon visage, que je vais pouvoir tout voir avec une grande clarté. Ça me fascine. J’aime aussi l’odeur, le goût du sperme, sa texture… ça me rend folle. D’ailleurs, quand je regarde de la porn – presque toujours gay –, je vais souvent directement à la fin du film pour ne voir que l’éjaculation.
Blondine — (Soupire.) Je ne me serais pas attendue que tu sois spermophile.
Moi — C’est parce que j’aime manger des graines, han.
Blondine — Évidemment. Ce n’est pas un fantasme de bouffeuse de chatte…
Moi — Non, tu ne comprends pas, c’était une blague. Spermophile. Graine.
Blondine — Euh… ?
Moi — Les spermophiles, appelés écureuils terrestres… les rongeurs de la famille des sciuridés… qui aiment les graines.
(Blondine lève les yeux au ciel.)
Blondine — À bien y penser, ta passion pour le sperme est beaucoup moins dérangeante que celle que tu as pour les calembours affreux.
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ou en êtes vous rendus ? la sainte valentine arrive a grand,,,,,,,
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Excellente lecture,, je dois aller déjeuner maintenant,,,je ne vois plus les écureuils de la même facon
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