Elle — Allô ?
Moi — Bonjour mon amour…
Elle — Ma bichette en pâte de fruits ! Kesss tu faisais ? Tu ne m’as pas appelée depuis avant-hier !
Moi — J’avais des contrats urgents à finir… Et j’ai eu des échanges étranges et pas très agréables avec Sylvie.
Elle — Sylvie ?
Moi — La dude.
Elle — Ouch. On t’avait bien dit, poussin et moi, que c’était une mauvaise idée.
Moi — Je me doutais bien qu’elle n’allait pas être commode, mais franchement pas à ce point.
Elle — C’est impossible de communiquer avec elle. J’ai abandonné depuis belle lurette l’idée de lui faire entendre raison.
Moi — Elle est si enragée… et elle l’est encore quatre ans après la séparation… il y a sûrement quelque chose qui l’a mise dans cet état… je peux comprendre qu’elle soit encore amère, mais un tel niveau de colère… c’est louche.
Elle — Louche ? Qu’est-ce que tu es en train d’insinuer, là ?
Moi — Je n’insinue rien. Je ne fais que me poser des questions. Elle m’a envoyé deux courriels très confus. Le premier m’accusait d’être une abuseuse d’enfants pédophile juste parce que j’ai dessiné une crotte devant son fils – mais je comprends d’où ça vient. Elle a aussi évoqué les « décorations d’Halloween » du sous-sol…
Elle — Shit! Ils sont allés lui raconter ça…
Moi — Le contraire aurait été surprenant, n’est-ce pas ? Elle a évidemment compris qu’il s’agissait plutôt de votre – je veux dire, de notre – donjon, ce qui peut aussi expliquer pourquoi elle perd les pédales à ce point.
Elle — On n’a JAMAIS exposé les jeunes à quoi que ce soit ! Elle capote pour rien ! On a toujours attendu que les garçons soient chez elle pour faire nos séances !
Moi — Je sais bien. Sauf que dans l’esprit de Sylvie, voir une chaîne ou une croix de Saint-André est suffisant pour traumatiser ses bambins.
Elle — Pffff. Être coincée à ce point, c’est pas possible.
Moi — Coincée et probablement aussi homophobe. Elle a mentionné les « femmes inverties » dans la liste de ce qui la scandalise. J’en déduis qu’elle a peur qu’on expose ses fils au virus mortel du lesbianisme…
Elle — Tu vois ? Il n’y a rien qu’on puisse faire avec elle. C’est une cause désespérée.
Moi — Ouais… mais il y a aussi un dernier truc. Qui concerne notre chéri.
Elle — Ah ?
Moi — Je vais lui en parler, mais d’abord je me suis dit que tu serais sûrement en position de m’expliquer certaines choses. Tu étais là au moment de leur séparation, non?
Elle — Oui.
Moi — Ben voilà. Dans son premier email – et surtout dans le deuxième – elle fait un portrait de notre chéri qui ne colle pas du tout avec ce que je connais de lui. Sauf que je pense comprendre un peu comment son esprit fonctionne… elle part des faits, les distord et leur donne une ampleur démesurée… sauf qu’à la base, il reste des faits.
Elle — Où est-ce que tu veux en venir ?
Moi — En gros, elle me prévient qu’il est un menteur, un infidèle et un manipulateur.
Elle — Cette fille ne va pas bien, elle est probablement en dépression, en burn out ou whatever et toi tu la crois ? Vraiment ?
Moi — Non. Sauf que… elle se base sur quelque chose, non ?
Elle — Elle se base sur rien, comme d’habitude. Je peux te dire que poussin nigaud n’est pas un menteur et un manipulateur. Il est bon comme le bon pain.
Moi — C’est ce que je pense moi aussi, sauf qu’il a bien dû se passer quelque chose…
Elle — Hum…
Moi — Raconte-moi ce qui s’est passé avec Sylvie au début de votre relation.
Elle — Ok. Je vais te dire ce que je sais.
Ah ! Voilà l’enquête. Merci !
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