Lui — Salut mes chéries ! Je vous ai apporté des falafels, des pitas, de l’humus, du taboulé…
Moi — Allô trésor. Si tu savais à quel point je suis contente que tu sois arrivée.
Lui — Où est Elle ?
Moi — (En me frottant les yeux de fatigue.) Elle est dans la salle de bains. Depuis presque une heure.
Lui — Ah ?
Moi — Elle m’a dit qu’elle allait prendre une douche, mais tout ce que j’ai entendu couler jusqu’à présent, ce sont ses larmes.
Lui — Elle n’a pas envie de sortir ?
Moi — Je lui ai demandé à travers la porte, mais elle ne veut plus me parler.
Lui — Qu’est-ce que tu as donc pu lui dire pour qu’elle réagisse comme ça ?
Moi — (Sur le point de craquer, réprimant un sanglot.) Je ne sais plus… je lui ai peut-être un peu trop laissé entendre que sa rupture était une bonne chose… je ne sais plus ce que je dis… je suis tellement fatiguée…
Lui — Viens ici, ma puce…
(Il me prend dans ses bras.)
Lui — Quoi qu’il arrive et quoi qu’on puisse en penser, ce sera à Elle de décider de ce qu’elle veut faire de sa relation avec Roxane. Notre tâche à nous, c’est de l’écouter et de prendre soin d’elle.
Moi — (Sanglote un peu.) Je sais… je sais…
Lui — Roxane ne me plaît pas particulièrement à moi non plus, sauf qu’il faut bien admettre qu’elle doit avoir des qualités si notre chérie s’en est entichée à ce point. Et puis, si ça vire mal, nous sommes là pour la rattraper. Nous sommes son parachute… elle est en sécurité.
Moi — (Sanglote un peu plus.) Oui, c’est vrai.
Lui — Parlant de Roxane… elle vient de m’appeler. Elle s’est excusée de m’avoir insulté. Ce qui est drôle, c’est que je ne savais pas exactement de quoi elle m’avait traité avant qu’elle m’en fasse la liste en s’excusant.
Moi — (Pleure et rit de fatigue.)
Lui — Ma préférée, c’est « Gros tas de marde spermeux avec un brain de morpion ». On dira ce qu’on voudra, elle élève l’insulte au rang des beaux-arts.
Moi — Ouain… (Renifle.) Il y a quelques mois, Elle m’a dit que Roxane et moi avons des tas de choses en commun. Sur le coup, ça m’a choquée, mais maintenant que j’y pense, je me dis qu’Elle avait raison.
Lui — Ben là, franchement…
Moi — Non, c’est vrai. Moi aussi, j’ai tendance à agir impulsivement. Moi aussi, j’ai des idées arrêtées sur tout que je n’arrête pas d’asséner comme si c’était des vérités éternelles… sans trop penser si ça va blesser les gens autour de moi. (Renifle.) Les gens que j’aime.
Lui — Voyons, voyons… Je pense que tu es beaucoup trop dure envers toi-même.
Moi — Je ne sais pas. Je ne sais plus. (Renifle.) Ça te dérangerais que j’aille faire une sieste d’une trentaine de minutes avant le souper ? J’ai la cervelle en compote et j’ai l’impression qu’elle va me sortir par les trous de zieux.
Lui — (Après m’avoir embrassée.) Vas-y. Pendant ce temps, je vais essayer de la faire sortir de son refuge.