Épisode 191

(On sonne à la porte du demi-sous-sol.)

Moi — Tu peux aller ouvrir, ma chouette ?

Lou — Meh.

Ousmane — Bonsoir mademoiselle Lou.

Lou — Salut Ousmane. Maman ! Ton amoureux est ici ! (Elle retourne s’enfermer dans sa chambre.)

Moi — Oussy ! Je ne t’attendais pas ce soir… (Je l’embrasse.) Qu’est-ce que tu caches derrière ton dos ?

Ousmane — Je suis allé faire des courses et comme tu vis juste à côté… j’ai décidé de faire un saut au demi-sous-sol pour t’apporter ça.

Moi — Oh ! Elles sont magnifiques ! Merci mon cœur ! (Je l’embrasse encore.) Je vais les mettre dans un vase tout de suite. Tu veux boire quelque chose ?

Ousmane — Non, je te remercie. Je ne fais que passer…

Moi — On ne m’a pas offert des fleurs depuis… ah la la, je ne me souviens même plus.

Ousmane — Qu’est-ce que tu faisais ?

Moi — Des trucs esssstrêmement intéressants !

Ousmane — Oh ! Intéressants comment ?

Moi —J’ai recommencé à écrire !

Ousmane — Tu avais arrêté ?

Moi —Non, évidemment. C’est juste que J’ai commencé à écrire mon prochain bouquin !

Ousmane — Pour vrai ?

Moi — Oui monsieur ! Et les projets d’écriture, c’est comme les relations amoureuses : c’est le début qui est le plus exaltant.

Ousmane — Et de quoi ça va parler, cette fois-ci ? Non, attend, laisse-moi deviner… de sexe ?

Moi — Évidemment. Sauf que je vais maintenant me concentrer sur la masturbation féminine, dans toutes ses multiples et glorieuses facettes.

Ousmane — Un livre complet sur la masturbation ? Ce n’est pas un sujet un peu trop… limité ?

Moi — Au contraire, il y a des tas de choses à dire ! Mais c’est surtout la forme que va prendre l’ouvrage qui m’enthousiasme le plus. Ce sera une seule longue phrase, qui commence avec une lettre majuscule et qui finit par un point à la deux centième page. Ce sera intitulé À perdre haleine, parce que c’est l’effet de la masturbation et aussi celui de prononcer une phrase aussi longue.

Ousmane — Hum… C’est intéressant, mais il me semble qu’un livre constitué d’une seule phrase… il me semble que ça a déjà été fait, non ?

Moi — Peut-être, mais ça ne s’arrête pas là. La phrase sera structurée comme la courbe de la réponse sexuelle chez la femme. Tiens, regarde ça :

Phases des la réponse sexuelle

Ousmane — Je ne comprends pas comment une simple phrase peut être structurée comme un diagramme cartésien.

Moi — Ça va être un chouette défi, c’est certain. Chaque phase va être distincte stylistiquement. Ainsi, la phase du désir sera lente et posée, celle de l’excitation aura un rythme qui s’accélèrera avec enthousiasme, le plateau sera saccadé avec une pointe d’impatience, l’orgasme sera bousculé, sans ponctuation, avec des coquilles, des néologismes, des interjections et des pics d’intensité écrits en majuscules. Quant à la résolution, ce sera un retour graduel, mais rapide, au style lent et posé de la première phase.

Ousmane — Wow.

Moi — Ce n’est pas tout : chaque phase aura son thème. Le désir sera le contexte social et personnel de la masturbation, l’excitation les méthodes auto-érotiques, le plateau les fantasmes, l’orgasme la jouissance et la résolution… ben je n’ai pas encore trouvé de thème pour cette phase. C’est un work-in-progress, han.

Ousmane — Tout ça en une seule phrase ?

Moi — Yup. Ce sera GRANDIOSE !

Ousmane — Je ne te le fais pas dire…

Moi — Et parce que ce fut si marvoulousse la dernière fois, je vais solliciter l’aide de mes lectrices, comme je l’ai fait pour Amants. Elles vont me raconter à quoi elles pensent quand elles se branlent et je vais intégrer leurs confidences à ma phrase.

Ousmane — Tu crois qu’elles vont vraiment te confier ça ?

Moi — Bien sûr. C’est déjà commencé sur mon compte Facebook, trésor. Elles pourront aussi le faire par courriel, via le formulaire sur mon blog.

Ousmane — Tu prends aussi les confidences des hommes ?

Moi — Je ne fais aucune discrimination de genre. Tout est bon dans le cochon !

Ousmane — Le musulman asexuel que je suis ne commentera pas cette dernière remarque.

Moi — Ha ha ha !

Ousmane — Même s’il m’arrive de me masturber.

Moi — Ah oui ?

Ousmane — Assez souvent, même.

Moi — Et à quoi tu penses ?

Ousmane — Tu veux l’ajouter à ton bouquin ?

Moi — Évidemment.

Ousmane — Tu vas être déçue : à rien.

Moi — Voyons… c’est impossible de ne penser à rien. À moins peut-être d’être un moine zen en pleine méditation…

Ousmane — Bon d’accord. Je ne pense pas vraiment à rien ; je pense à la même chose en me branlant qu’en me brossant les dents. C’est pour moi un geste purement hygiénique.

Moi — J’adore. Tu permets que je le prenne en note ?

Ousmane — Bien sûr.

Moi — (Soupire.) Des fleurs et une confidence… décidemment, je suis gâtée, ce soir !

Ousmane — Il t’en faut si peu pour te sentir gâtée…

Moi — (En me pendant à son cou,) Ousmane, tu es le dernier amant romantique.

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