Lui — Isssh ! Qu’est-ce que c’est que ce truc plein de mousse ?
Moi — Végé-pâté. Envoie-ça au compost.
Lui — (En reniflant d’un air dégoûté.) Ton lait d’amande sent la mort.
Moi — Évier et ensuite recyclage.
Lui — Jamais je n’aurais cru que le frigo d’une végétarienne puisse devenir aussi dégueulasse après une panne de courant.
Moi — Végétalienne, pas végétarienne.
Lui — Oh-la-la-excusez-moi-pardon.
Moi — Si j’étais végétarienne, tu serais confronté en ce moment même à plein de produits laitiers dans un état apocalyptique.
Lui — Les légumes se sont transformés eux-mêmes en purée gluante. Ouache.
Moi — Tu es vraiment un cœur d’être venu comme ça, spontanément, à ma rescousse. Jamais je n’aurais pu faire ce ménage moi-même : j’ai eu envie de vomir juste en ouvrant la porte.
Lui — Quand je me suis offert pour t’aider, je pensais surtout au ramassage de l’arbre abattu dans ta cour, pour être bien honnête.
Moi — Le proprio s’en occupe déjà. Tu es beaucoup plus utile en super-héros du fridge qui pue, mon chéri.
Lui — C’est fou les superlatifs qu’une femme doit employer pour qu’un homme s’abaisse à faire des tâches ménagères, han ?
Moi — Tu n’as encore rien entendu : je vais tout à l’heure te supplier d’être le Messie du bac de compost couvert d’asticots.
Lui — Ha ha ha ! Beurk.
Moi — N’oublie pas cette tache soulèvecœurante…
Lui — (En finissant de laver la tablette.) Je l’ai vue, t’inquiète. Serait-ce possible que ta bouffe commençait déjà à pourrir lorsque tu as perdu le courant ? J’arrive difficilement à croire que tout a atteint un état de putréfaction en seulement quatre jours…
Moi — Tu as certainement déjà entendu Lou se plaindre qu’il n’y a rien à manger chez moi, n’est-ce pas… tu as maintenant la confirmation que ce n’est pas une légende urbaine.
Lui — (Renifle le goulot de la bouteille de verre.) Le sirop d’érable : je jette ?
Moi — Il n’a pas l’air cristallisé… tu goûtes ?
Lui — (Sourire en coin.) Hum… Tu connais la scène du frigo du film 9 semaines ½ ?
Moi — J’ai préféré le roman d’Ingeborg Day qui en a servi de vague inspiration – et qui n’a pas de scène de bouffe pantoute.
Lui — (Une lueur coquine dans le regard.) Hé hé hé… J’ai en tête des tas de façons que je pourrais goûter ce sirop.
Moi — Entourés de bouffe qui sent la charogne… Quel romantisme.
Lui — Mais non, mais non… Il ne me reste qu’à sortir toutes ces ordures et rincer ton bac à compost. Ensuite, je serai prêt à être le Sauveur Suprême de ta chatte couverte de sirop d’érable.
Moi — Et aussi le preux chevalier de mes seins ?
Lui — Yup.
Moi — Et… le demi-dieu de mon anus ? Avec… ta langue ?
Lui — Hey, je viens de te prouver que les jobs salissantes ne me faut aucunement peur, n’est-ce pas…
Moi — (Je me lève et défais le bouton de mon jeans.) Ne tarde pas trop, héros de mon cœur.
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chez moi aussi le frigo est l’endroit où je mets les aliments jusqu’à ce qu’ils n’en soient plus.
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