La licorne est au lit avec sa blonde, après des semaines – non, des mois – de séparation.
Elle — (Soupire.) C’est tellement bon d’être enfin ensemble toutes les deux, ma gerboise en gelée!
Moi — On dirait que ça fait un siècle que nous n’avons pas passé une soirée juste toi et moi.
Elle — Un MILLÉNAIRE, plutôt !
Moi — C’est la vie de femme mariée qui t’occupe de façon déraisonnable.
Elle — Je saaaaaais! Si j’écoutais Rox, je serais toujours pendue à son cou. Poussin nigaud aussi se plaint à mots couverts que je le néglige. D’ailleurs, il fait dire que nous sommes plus que dus pour un week-end à trois.
Moi — Je t’avoue que je perds moi-même le contrôle de mon agenda relationnel. Avec un enfant de dix-huit mois qui m’occupe tous les jours de six à quatorze heures, ma relation quotidienne avec Blondine et Ousmane, celle mensuelle avec Bill et Maël… je me sens un peu mal de vous fréquenter presque exclusivement en ligne, toi et lui. C’est presque une bonne chose que je sois en chômage technique depuis la fermeture du donjon… ça ma me permettre de rattraper le temps perdu.
Elle — Si la covid te laisse faire, évidemment.
Moi — Manquerait plus que ça. Déjà que la cinquième vague a annulé notre party de jour de l’an de polycule…
Elle — Je n’ai toujours pas renoncé à mon rêve qu’on parte toustes vivre ensemble, tu sais.
Moi — Tu renonces rarement à quoi que ce soit.
Elle — C’est ma persévérance qui fait mon charme, ma coccinelle à la crème.
Moi — Ça et ton corps de Vénus paléolithique.
Elle — Euh… Est-ce que c’est une façon de dire que je suis grosse?
Moi — C’est une façon de dire que tu es divine et que je suis folle de toi.
Elle — Aon! Toi, tu sais parler aux grosses lesbiennes!
Moi — (Baille.) Sauf que là, je n’ai plus envie de parler. J’ai juste envie de m’endormir, blottie contre toi.
Elle — Bonne idée, ma chatte en nougat! Moi aussi je suis moulue.
Moi — (En fermant la lampe de chevet.) Bonne nuit, ma chérie!
Elle — Bonne nuit, ma bibiche en chocolat!
(Plus tard.)
Elle — Est-ce que tu dors, ma sucrette en dentelle?
Moi — Plus maintenant.
Elle — J’ai froid aux pieds.
Moi — (En réprimant un baillement.) Va mettre des bas de laine.
Elle — Je déteste porter des chaussettes au lit.
Moi — (En me retournant dans le lit.) Tant pis.
Elle — J’ai froid aux pieds.
Moi — Tu veux une autre couverture ?
Elle — Non. J’ai seulement froid aux pieds.
(Plus tard.)
Elle — Anne?
Moi — Han?
Elle — Je peux mettre mes pieds entre tes cuisses ?
Moi — Tu vas me laisser dormir ?
Elle — Bien sûr.
Moi — Vas-y.
Elle — Merci !
Moi — Tout le plaisir est pour moi. Maintenant, bonne nuit.
(À peine quelques minutes plus tard.)
Moi — Brigitte… tu dors ?
Elle — Plus maintenant.
Moi — J’ai les joues froides. Je peux les mettre entre tes cuisses?
Elle — Voui!
Moi — (Le nez enfoncé dans sa chatte.) Aon! C’est tout chaud et humide. On se croirait au paradis.
Elle — (Soupire de contentement.) L’amour, c’est ne jamais avoir à toucher le thermostat, ma gazelle en sucre.