Madame Gauthier — Allô ?
Moi — Bonjour. Est-ce que je peux parler à la mère de monsieur David Legendre ?
Madame Gauthier — C’est à quel sujet ?
Moi — J’ai quelque chose d’important et d’assez délicat à lui dire…
Madame Gauthier — C’est moi sa mère. Je peux savoir qui vous êtes ?
Moi — Je m’appelle Anne Archet et votre fils me harcèle depuis quelques mois.
Madame Gauthier — Pardon ?
Moi — Oui. Il m’a même fait des menaces de mort. Je suis l’amie de la dame qui a embouti votre voiture.
Madame Gauthier — Madame Landry ?
Moi — Oui. C’est ça. Je vous épargne les détails les plus sordides, mais nous avons eu, votre fils et moi, une rencontre intime l’été dernier, rencontre qui ne devait pas avoir de suite. Depuis, il ne cesse de me contacter, même si je lui ai clairement dit de cesser de le faire. Quand je l’ai bloqué par tous les moyens électroniques dont je dispose, ça l’a fâché au point où il s’est mis à devenir carrément violent. Il s’est présenté chez moi un soir et a tenté de forcer ma porte. Il était saoul, il hurlait… inutile de vous dire que j’avais la frousse de ma vie. Sans compter que ma fille a été témoin de l’incident…
Madame Gauthier — Oh.
Moi — Ensuite, il s’est mis à m’écrire par la poste. Il m’a envoyé une carte de souhaits que je pourrais vous montrer… vous allez probablement reconnaître son écriture. Il y fait des menaces de mort à peine voilées, c’est terrifiant.
Madame Gauthier — Qu’est-ce que j’ai à voir là-dedans ? Vous savez que David est majeur et responsable de lui-même.
Moi — Oui, mais avec sa lettre, j’ai amplement de quoi me plaindre à la police, ce qui pourrait attirer des tas d’ennuis à votre fils. Je pense très sérieusement à le faire, d’ailleurs. Vous savez qu’il peut se retrouver avec une condamnation au criminel, un casier judiciaire et même faire de la prison à cause de ses agissements ?
Madame Gauthier — Qu’est-ce que vous voulez que je fasse, au juste ?
Moi — Vous êtes sa mère, vous avez sûrement de l’influence sur lui. Je veux que vous parliez à David, que vous lui disiez que ce qu’il fait est odieux. Je veux que vous lui disiez de cesser immédiatement ses comportements violents envers moi. Je veux qu’il me laisse tranquille une bonne fois pour toute.
Madame Gauthier — Hum… Cette fameuse carte, je peux la voir ?
Moi — Donnez-moi votre courriel ou votre numéro de cell et je vous en envoie des photos.
Madame Gauthier — Ok. Textez-moi ça au 819-555-0194.
Moi — C’est noté. Je vous envoie ça dès que nous aurons raccroché.
Madame Gauthier — D’accord.
Moi — Je peux compter sur vous pour parler à votre fils ? J’en ai assez de vivre dans la peur et je vous assure que je n’hésiterai pas à appeler la police si ça continue. Considérez cet appel comme la dernière chance que j’offre à David de se comporter comme un humain digne de ce nom.
Madame Gauthier — Je vais voir ce que je peux faire. Merci pour votre appel, madame…?
Moi — Archet. Anne Archet.
Madame Gauthier — Madame Archet. Au revoir.
Moi — Au revoir.
(Elle raccroche.)
Moi — (À moi-même.) J’espère qu’elle n’aura pas la mauvaise idée de googler mon nom.