Épisode 249

Moi — (Reviens à la table avec deux tasses de café.) Bon, voilà. On y est.

Pierre — On y est ?

Moi — Oui, on y est.

Pierre — On y est… où ?

Moi — À l’épisode suivant, duh.

Pierre — Ha ha ha ! Toi, le quatrième mur, tu n’en as rien à querisser, n’est-ce pas ?

Moi — Metafiction is my middle name, honey.

Pierre — Et là, je suppose que c’est mon cue pour te parler de Troy ?

Moi — Exactement.

Pierre — Il est à Berlin.

Moi — Ça, je le sais. Mon chum skype avec lui tous les soirs. Il travaille comme un dingue, à ce que j’ai cru comprendre.

Pierre — Ça ne l’empêche pas profiter du nightlife, en tout cas. Si je me fie à ce qu’il m’a raconté, les Berlinois savent comment faire le party.

Moi — Je suis sûre qu’ils sont comme nous… tous pâmés devant sa beauté angélique.

Pierre — (Soupire.) Ça c’est certain.

Moi — Tu t’ennuies de lui, n’est-ce pas ?

Pierre — Oui. C’est pour ça que je pars le rejoindre dans quelques jours.

Moi — Aon ! Chanceux ! J’ai toujours rêvé de voir Berlin.

Pierre — Quatorze jours après, je vais le suivre à Bruxelles pour une semaine et ensuite ce sera le retour à Ottawa.

Moi — Je vous souhaite de vous dévergonder au maximum. Vous êtes si beaux à voir aller, tous les deux.

Pierre — (Prend un gorgée de café.) ll ne nous restera pas beaucoup de temps au retour pour planifier le déménagement. Ça me stresse un peu.

Moi — Déménagement ? Tu veux dire que…

Pierre — Oui. Nous allons habiter ensemble.

Moi — (Je le prends par le cou et le couvre de bises.) Quelle excellente nouvelle !

Pierre — Oui, c’est très excitant. Penses-tu que tu pourrais toutefois… ne pas le dire tout de suite à ton chum ?

Moi — Pourquoi ?

Pierre — Troy ne lui en a pas encore parlé et… ben… puisqu’il est à l’étranger en ce moment…

Moi — Je suis sûre qu’il va être aussi content que moi d’apprendre la nouvelle.

Pierre — (Avec une moue dubitative.) Tu crois ?

Moi — Ben kiens. C’est un accro de la compersion ; il va compersionner grave, c’est certain.

Pierre — C’est quoi ça, la compersion ?

Moi — Va voir dans le lexique. Dans le menu, en haut de la page.

Pierre — Aon ! C’est TELLEMENT méta !

Moi — Veux-tu qu’on s’enfonce encore plus dans la métafiction ?

Pierre — Go.

Moi — Je ne sais pas si tu aurais le temps avant ton départ, mais j’ai fini d’écrire mon manuscrit et je me demanderais si tu pouvais y jeter un coup d’œil…

Pierre — Ta longue phrase sur la masturbation ?

Moi — Ouais. Perdre Haleine. J’ai l’impression que c’est nul et ça me déprime. J’ai un urgent besoin d’être rassurée – ou alors, d’être confirmée dans mes craintes.

Pierre — Ce sera un plaisir et un honneur.

Moi — Tu es un amour, Pierre. Tiens, j’en ai imprimé une copie… juste au cas où tu accepterais, han.

Pierre — (En lisant la première page.) Ha ! L’incipit est calqué sur celui de La recherche de Proust.

PerdreHaleine

Moi — Je me suis dit que Chez Swann, c’est swag… tu ne trouves pas ?

Pierre — (En finissant son café.) Qu’est-ce que j’en sais? Je ne suis qu’un personnage de fiction, après tout.

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